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L’hypnose ericksonienne, une approche bienveillante et indirecte

L’hypnose ericksonienne est une méthode d’hypnose indirecte nommée d’après le Dr Milton H. Erickson, un éminent psychiatre et psychologue américain, souvent considéré comme le « père de l’hypnothérapie ». Ses découvertes ont eu une influence considérable sur divers domaines thérapeutiques, allant de la thérapie familiale stratégique à la programmation neuro-linguistique.

Milton Erickson

Les découvertes d’Erickson

Le Dr Erickson a découvert que les suggestions indirectes pouvaient entraîner des changements comportementaux thérapeutiques. Il préférait utiliser des métaphores, des contradictions, des symboles et des anecdotes pour influencer le comportement de ses clients, plutôt que de donner des ordres directs. Ayant lui-même souffert de douleurs extrêmes après avoir contracté la polio dès son jeune âge, il jugeait essentiel de « se mettre à la place du patient » et de comprendre réellement la situation actuelle du client.

Contrairement à Freud, qui encourageait l’exploration de soi, Erickson a adopté une forme de thérapie brève où l’histoire passée du patient n’est pas le point central du changement. Par exemple, lors d’une conversation avec un patient souffrant de trouble obsessionnel compulsif qui se douchait douze fois par jour, Erickson s’intéressait au présent plutôt qu’au passé. Il posait des questions spécifiques sur le processus : « Vous lavez-vous du cou vers le bas, ou commencez-vous par les pieds et remontez ? Ou commencez-vous par la tête et descendez ? ». Cette approche montrait au patient qu’il était réellement intéressé par son expérience actuelle. Ce patient, qui avait suivi cinq ans de psychanalyse traditionnelle, fut rapidement guéri grâce à l’hypnose ericksonienne.

L’esprit inconscient

Erickson croyait que les états de transe se produisent quotidiennement à des degrés divers – par exemple, lorsque l’esprit vagabonde pendant un trajet, une réunion, ou lors de rêveries. Les athlètes peuvent également entrer dans un état de transe, souvent appelé « flow » ou « euphorie du coureur ».

Même si le sujet n’est pas en transe profonde, Erickson pensait que l’esprit inconscient pouvait toujours être à l’écoute. Il pouvait faire une suggestion indirecte qui, que le patient s’en rende compte ou non, entraînerait un changement thérapeutique.

Un adepte de l’humour, Erickson utilisait également des blagues dans ses conversations avec les patients. Ses livres sont remplis de jeux de mots et de plaisanteries subtiles. Mais cet humour n’était pas seulement destiné à alléger l’atmosphère des patients souffrant de dépendances ou de conditions mentales graves – il était profondément stratégique. En prenant ses patients au dépourvu, il pouvait ouvrir leur esprit inconscient au changement, ce qui s’inscrit dans sa technique de confusion.

Hypnose indirecte et directe

L’hypnose indirecte est une méthode subtile et respectueuse utilisant le langage corporel, des histoires, des métaphores et d’autres techniques hypnotiques pour améliorer les résultats thérapeutiques des patients. Erickson prônait l’hypnose indirecte comme une alternative plus éthique et efficace pour les contextes cliniques par rapport à l’hypnose directe.

L’hypnose directe ordonne explicitement à un sujet d’entrer en transe ou de changer de comportement. Bien que puissante, cette approche est souvent confrontée à de la résistance et est mieux connue pour l’auto-hypnose.

Hypnose traditionnelleApproche d’Erickson
AutoritairePermissive
DirecteIndirecte
RésistanteAccommodante
“Vous allez perdre du poids”“Vous pourriez envisager d’explorer les alternatives à l’alimentation, si vous êtes prêt à le faire”

Par exemple, avec l’hypnose directe, on pourrait dire : « Vous allez vous endormir maintenant ». En revanche, avec l’hypnose indirecte, un thérapeute pourrait dire : « Vous pourriez vouloir fermer les yeux, si vous souhaitez vous détendre ».

L’hypnose directe, souvent rencontrée avec de la résistance et de l’échec, peut être embarrassante pour le thérapeute et le client. Le client sait que l’hypnotiseur essaie de le mettre en transe, ce qui suscite naturellement de la peur, du scepticisme et de la résistance. Avec la méthode indirecte, c’est au patient de décider quelles suggestions suivre.

Jusqu’à Erickson, la pensée dominante était que l’hypnose directe était la meilleure façon de faire entrer un sujet en transe. Erickson croyait que l’on ne peut pas forcer l’esprit inconscient à changer, mais que les métaphores, les contradictions et les symboles peuvent créer des ouvertures.

L’hypnose directe est éthiquement discutable car cette approche autoritaire prive le client de son pouvoir, tandis que l’hypnose indirecte l’autonomise. D’un point de vue thérapeutique, l’effet sera plus puissant si c’est le client qui décide de changer de lui-même avec l’aide de suggestions indirectes.